Two lovers

Two lovers
Titre original:Two lovers
Réalisateur:James Gray
Sortie:Cinéma
Durée:110 minutes
Date:19 novembre 2008
Note:
Leonard Kraditor vit de nouveau avec ses parents, quatre mois après être sorti d'un asyle psychatrique, où il avait été admis suite à la rupture de ses fiançailles. Ses parents lui présentent Sandra Cohen, la fille d'un commerçant, qui exploite comme eux un pressing. Leonard ne se sent pas vraiment prêt à s'engager dans une nouvelle relation sentimentale. Mais la rencontre avec Michelle, une voisine de son immeuble à Brooklyn, change complètement sa disposition amoureuse. Il est fou de Michelle, alors que celle-ci vit une relation tortueuse avec un collègue marié.

Critique de Tootpadu

Depuis son premier film, il y a quatorze ans, James Gray nous avait habitués à une violence brutale et tragique dans ses oeuvres. Que ce soit Little Odessa, The Yards ou La Nuit nous appartient, chacun de ses films se servait jusqu'à présent de la violence physique comme outil dans la création de la tension narrative ou comme symbole expiatoire. Cette constante a instauré en nous une certaine attente, telle une forme de prévisibilité scénaristique, qui enfermerait le réalisateur encore jeune dans un genre ennuyeusement préétabli. Tant mieux alors que Gray ait rompu complètement avec cette aggressivité physique dans son quatrième film, qui gagne en échange en douleurs intériorisées et en désirs frustrés.
Difficile en effet de faire plus tragique que ce triangle amoureux inassouvi. A force de ne pas savoir trancher et de poursuivre des chimères romantiques, le protagoniste doit en fin de compte se contenter du pis aller. C'est l'histoire vieille comme le monde du conflit entre l'idéalisme romantique et la raison d'une vie solide et prévisible. Que le choix plus réfléchi soit loin d'être désavantageux ne fait qu'exacerber la frénésie de l'amour impossible. Peu importe la décision finale qu'il prendra, et qui ne lui revient finalement même pas, Leonard n'arrivera jamais à recréer le bonheur parfait qu'il avait perdu lors de sa rupture précédente. Il court après des fantasmes, alors que sa blessure existentielle et profonde le maintient mentalement à fleur de peau. Incapable de jongler honnêtement entre ses affaires, il trahit à la fin la dernière certitude qui lui restait, celle de la sincérité de ses sentiments, en recollant tant bien que mal les pots cassés.
Dans cette histoire assez ordinaire, peuplée de personnages faibles et dépendants, la mise en scène soigneusement stylisée de James Gray et l'interprétation impliquée de Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow et Isabella Rossellini, d'une immense dignité dans son petit rôle de mère fouineuse, sont reine. Gray a préservé en effet toute l'intensité de ses films précédents, qui s'aventuraient sensiblement plus hors la loi que celui-ci, pour la mettre au service d'un récit triste et tout en retenue.

Vu le 23 septembre 2008, à la Salle Pathé Lamennais, en VO

Note de Tootpadu: